L’interdiction de maudire un juif

L’interdiction de maudire un juif

Comment fonctionne une malédiction ?

Le Temple de Jérusalem a été détruit en conséquence à la faute de la haine gratuite.
C’est pourquoi, en ces jours de consolation, nous allons étudier quelques règles en rapport avec le relationnel, afin d’augmenter l’amour gratuit.

Une malédiction adressée à un Dayan (juge rabbinique)
Il est écrit dans notre Sainte Torah :
אֱלֹהִים, לֹא תְקַלֵּל … (שמות כב-כח)
Tu ne maudiras pas Elokim … (Chémot 22-28)
Le Targoum Onkeloss (il s’agit du Tana qui a traduit la Torah en araméen) traduit :
Tu ne maudiras pas le Dayan (le juge rabbinique).
Cela signifie qu’il y a un véritable interdit de la Torah de maudire le Dayan.
La Guémara dans Sanhédrin (66a) confirme également que le mot « Elokim » employé dans ce verset, ne fait pas référence à Hachem, mais au Dayan.

Une malédiction adressée à un juif
Il est aussi écrit dans la Torah :
לֹא-תְקַלֵּל חֵרֵשׁ … (ויקרא יט-יד)
Ne maudis pas le sourd … (Vaykra 19-14)
Ce verset vient nous apprendre qu’il est interdit par la Torah, de maudire toute personne du peuple d’Israël. Le texte nous précise « le sourd », afin de nous faire comprendre que même s’il est sourd et qu’il n’entendra pas ta malédiction, et que de ce fait, il n’en souffrira pas, malgré tout, il est interdit de le maudire.

De même, pour toute personne qui n’est pas en mesure d’entendre ce que l’on dit, comme une personne qui est en train de dormir, ou qui est absente, cette personne n’est pas moins qu’un sourd.
Il est évident qu’il est également interdit de maudire une personne en sa présence,
lorsqu’elle est en mesure d’entendre ce que l’on dit, car mis à part le fait que l’on enfreint l’interdit de maudire un juif, on transgresse aussi l’interdit de « Honaatt Dévarim » (blesser quelqu’un par la parole), qui est aussi un interdit de la Torah, car la personne maudite souffre de cette malédiction.

Ces Halachot sont tranchées par notre maître le RAMBAM, par le TOUR, ainsi que par MARAN dans le Choul’han ‘Arou’h.
Par conséquent, chacun et chacune doit s’efforcer d’être vigilant avec sa langue, afin de ne jamais maudire qui que ce soit du peuple d’Israël.
Même lorsqu’une personne se maudit elle-même, elle transgresse le devoir de se préserver, ordonné par la Torah :
רַק הִשָּׁמֶר לְךָ וּשְׁמֹר נַפְשְׁךָ מְאֹד … (דברים ד-ט)
Garde toi et préserve énormément ta personne … (Dévarim 4-9). 
Celui qui maudit un Dayan, transgresse 2 interdits de la Torah :
Maudire un membre du peuple d’Israël
Maudire un Dayan

La malédiction revient (effet boomerang)
Il est enseigné dans la Guémara Sanhédrin (48a):
Toutes les malédictions que le Roi David a proférées à l’encontre de Yoav Ben Tsérouya, se sont réalisées sur la descendance du Roi David.
[Le Roi David maudit Yoav Ben Tsérouya, car il avait tué Avner Ben Ner (voir livre de Chémouel II chap.3)]
L’auteur du Sefer Ha-‘Hassidim en déduit que même lorsque la malédiction est justifiée – comme c’était le cas pour le Roi David qui a maudit Yoav Ben Tsérouya – il arrive que la malédiction « revienne » sur celui qui l’a proférée.
A fortiori lorsque la malédiction n’était pas justifiée.

Il y a un célèbre enseignement de nos maîtres dans la Guémara Méguila (15a):
Ne sous-estime jamais la malédiction proférée par un simple individu, car Aviméle’h a maudit Sarah, et sa malédiction s’est réalisée sur la descendance de Sarah.
[Aviméle’h a rendu Sarah à Avraham en lui disant une phrase, avec l’intention de la maudire : « Il (Avraham) est pour toi une couverture pour les yeux » (voir Béréchitt 20). Plus tard, Its’hak, le fils de Sarah, devint aveugle, comme il est dit : « Lorsque Itsh’ak devint âgé, ses yeux devinrent trop faibles pour voir » (Voir Béréchitt 27).].
Il est vrai qu’il existe de nombreuses personnes qui profèrent des malédictions, et qu’il ne se réalise absolument rien de leurs malédictions, malgré tout, l’auteur du Pélé Yo’ets écrit qu’il y a parfois ce que l’on appelle des « moments d’acceptation » (‘Et Ratson), pendant lesquels, la parole peut se réaliser (‘Hass Vé-Chalom !).
Mais la personne qui a proféré cette malédiction rendra des comptes devant Hachem pour cela.

Les situations où il est permis de maudire
Le fait de voir parfois des Talmidé ‘Ha’hamim (des érudits dans la Torah) proférer des malédictions, et que leurs malédictions se sont souvent réalisées, est un fait qui s’explique.
Il y a certaines situations dans lesquelles il est permis de maudire, comme pour quelqu’un qui ne se comporte pas comme un juif, et qui ne possède aucune moralité, ou qui bafoue volontairement l’autorité de la Torah, ou encore un renégat envers le judaïsme, il est permis de maudire une telle personne.
Mais lorsqu’il s’agit d’une personne religieusement valable (ou du moins, qui n’a pas un comportement hostile à la Torah), il est interdit de la maudire.

Comment fonctionne une malédiction ?
Dans son commentaire sur la Paracha de Balak, Rabbénou ‘Haïm Ben ‘ATTAR – l’auteur du Or Ha-‘Haïm – demande :
Comment concevoir qu’une malédiction puisse agir ? Si un homme mérite qu’une chose mauvaise lui arrive, celle-ci lui arrivera de façon certaine, et s’il ne la mérite pas, pourquoi une malédiction pourrait la lui causer ?!

Et il répond : Il arrive parfois qu’un homme commet une faute sur laquelle il mérite un châtiment. Mais Hachem fait preuve de « Ere’h Apaïm » (patience) envers cet homme. Hachem « attend » que cet homme répare lui-même son acte et qu’il se repente. Or, si durant cette période de « patience » de la part d’Hachem, quelqu’un maudit cet homme qui a commis une faute, cette malédiction – qui est similaire à une prière pour qu’arrive quelque chose de mauvais à cet homme – peut s’additionner à la faute commise. La malédiction survenue à ce moment, peut « casser » la patience d’Hachem envers l’homme qui a commis la faute, et le châtiment qu’il doit subir pour la faute commise, lui est immédiatement infligé.
Ceci est la raison pour laquelle une malédiction peut se réaliser.

En revanche, une bénédiction agit dans un sens opposé.
En effet, une bénédiction est similaire à une prière.
Or, la prière – en particulier celle d’un Tsaddik, ou de n’importe qui lorsqu’elle est dite des profondeurs du cœur – peut être exaucée.
C’est pourquoi, même si un homme ne mérite pas de bénéficier d’un quelconque bienfait, lorsqu’on le bénit, cette bénédiction peut lui apporter de nombreux bienfaits.

Celui qui bénit un membre du peuple d’Israël, sera lui-même béni.

Source: halachayomit
Abdellak Malkiel