
Ani Lédodi Védodi Li
J’appartiens à mon bien-aimé, mon bien-aimé m’appartient
Nos maîtres ont expliqué que les lettres hébraïques du nom du mois d’ELOUL sont les initiales d’un verset extrait du Chir Ha-Chirim :
אֲנִי לְדוֹדִי וְדוֹדִי לִי … (שיר השירים ו-ג)
J’appartiens à mon bien-aimé, et mon bien-aimé m’appartient … (Chir Ha-Chirim 6-3)
« Mon bien-aimé », c’est Hachem, et « moi », c’est le peuple d’Israël qui s’exprime.
Au mois d’Eloul, s’accomplit donc ce verset à travers lequel nous exprimons notre appartenance à Hachem, et qu’Hachem nous appartient.
Cela signifie qu’il existe une proximité particulière entre Israël et Hachem durant ces jours-ci.
On a tendance à penser que durant le mois d’Eloul, incombe à chaque juif l’obligation de s’efforcer de se repentir et de se rapprocher du service divin.
Ceci est parfaitement exact.
Cependant, nous ne devons pas oublier que dans l’autre sens, c’est-à-dire du point de vue d’Hachem – si l’on peut s’exprimer ainsi – Hachem se rapproche de nous durant ce mois, et par la mesure de miséricorde qui domine en ces jours, il se hâte de pardonner et de prendre ses créatures en pitié lorsqu’elles reviennent vers Lui.
Comme le disent nos maîtres dans le Midrach, à travers le verset « Ani Lédodi Védodi Li » cité précédement, Hachem dit à Israël :
« Ma part est avec vous ! », et Israël disent à Hachem : « Ma part c’est Hachem ! ».
Notre maître le ‘HYDA écrit (‘Homat Ana’h sur Chir Ha-Chirim chap.6) :
« L’homme doit d’abord se stimuler afin de revenir vers Hachem, et ceci correspond à l’allusion « Ani Lédodi » (j’appartiens à mon bien-aimé), lorsque je me stimule et me lie à mon bien-aimé qui est Hachem, à ce moment précis, « Védodi Li » (mon bien-aimé m’appartient), car « Celui qui s’apprête à se purifier, se voit assister (par Hachem) ». En particulier durant ce mois, dans lequel règne un éveil de la miséricorde. » Fin de citation.
A quoi la chose est-elle comparable ?
A un homme qui s’est querellé avec son meilleur ami, et il désire à présent se réconcilier avec lui, mais il connait son meilleur ami, et sait qu’il est d’un tempérament assez rigide, qu’il ne lui pardonnera pas facilement.
L’homme va donc avoir de grandes difficultés à aller trouver son ami pour lui demander son pardon, par crainte de se voir repoussé. Dans un tel cas, l’obtention du pardon sera une lourde charge.
Mais si l’on sait que notre ami désire lui aussi se réconcilier, et qu’il est d’un tempérament souple, on aura plus de facilités à aller le trouver et lui demander son pardon, et ainsi, rétablir l’amour mutuel à sa vraie place.
Il en est de même dans notre sujet.
Certains voient une lourde charge à travers ces jours de miséricorde et de demande de pardon auprès d’Hachem, car nous devons réaliser en nous une véritable introspection, et nous stimuler au repentir.
Mais en réalité, ces jours sont les jours les plus aimés, et nous devons donc nous réjouir car « Ani Lédodi » (j’appartiens à mon bien-aimé), mais « Védodi Li » (mon bien-aimé m’appartient), Hachem se réjouit lui aussi de nous accueillir comme des enfants devant Lui.
Ainsi Hachem dit à Israël :
… שׁוּבוּ אֵלַי וְאָשׁוּבָה אֲלֵיכֶם … (מלאכי ג-ז)
Revenez vers Moi, et je reviendrais à vous » (Mal’a’hi chap.3-7)
No maîtres commentent ce verset ainsi :
Hachem dit à Israël : « Mes enfants ! Faites-moi une ouverture comme le chas d’une aiguille, et je vous ferais une ouverture aussi grande que la porte du Oulam [la pièce la plus vaste du Temple de Jérusalem] ! »
Nous devons nous engager à nous repentir, mais chacun sait à quel point il est loin de la perfection dans le service divin, et de ce fait, comment pouvons-nous nous repentir ?!
A cela Hachem répond : « Faites-moi une ouverture comme le chas d’une aiguille ! » Cela signifie, une petite ouverture insignifiante, mais à la condition qu’elle soit ouverte de part en part, et qu’elle pérennise ainsi pour toujours.
C’est alors que l’on peut espérer la miséricorde d’Hachem, afin qu’Il nous ramène vers Lui et qu’il renouvelle nos jours comme auparavant.
Le Gaon et Tsaddik Rabbi Chalom CHVADRON z.ts.l raconta que lorsqu’il était jeune, son maître (le Gaon Rabbi Leïb ‘HASMAN z.ts.l) l’appela et lui dit de se préparer à prendre un quelconque engagement en l’honneur de Roch Ha-Chana.
Mais le maître le mit en garde :
« Fais attention à prendre un tout petit engagement, mais à la condition d’être certain de le tenir pour toujours ! »
Rabbi Chalom CHVADRON se retira et revint le lendemain auprès de son maître.
Il dit à son maître :
« J’ai trouvé une petite chose que je pourrais tenir. »
Rabbi Leïb lui répondit :
« Alors divise cette chose en deux et engage toi seulement sur la moitié ! »
L’homme comprend qu’il doit se repentir, et il désire prendre un quelconque engagement pour toujours.
Mais il ne sait pas mesurer ses capacités de manière correcte, et il prend un « lourd » engagement, afin de pouvoir se présenter devant Hachem, et ressentir qu’il a agit et qu’il s’est élevé de niveau.
Ceci est une énorme erreur !
En réalité, l’homme doit être conscient de son bas niveau, et prendre uniquement un petit engagement – si minime soit-il – mais avec la certitude de le tenir, car tout engagement pris et que l’on ne tient pas, n’engendre que mal et amertume.
Alors qu’un engagement à notre niveau de capacités, en prenant l’engagement cette année d’accomplir telle petite chose, l’année suivante on s’engagera davantage, et ainsi, le Ciel nous donnera le mérite de pouvoir accomplir la véritable réparation de notre âme.
Source: halachayomit
Abdellak Malkiel