
Prélever et donner le Ma’asser financier
Le mois d’Eloul
Nos maîtres les Tanaïm (sages de la Michna) enseignent dans le Midrach Sifré (cité par les Tossafot sur Guémara Ta’anit 9a) :
Il est dit dans la Torah :
עַשֵּׂר תְּעַשֵּׂר, אֵת כָּל-תְּבוּאַת זַרְעֶךָ … (דברים יד-כב)
Tu prélèveras la dîme de toute la récolte de ta plantation … (Dévarim 14-22).
Cela ne nous enseigne que le devoir de prélever le Ma’asser (la dîme) sur la récolte. D’où sait-on qu’il y a également un devoir de prélever sur tous les bénéfices ?
Le texte dit : toute la récolte de ta plantation. Le fait que la Torah a ajouté le mot « toute », nous apprend qu’il y a aussi un devoir de prélever le Ma’asser sur toute chose.
Telle est réellement la compréhension de plusieurs parmi nos maîtres les Richonim (décisionnaires médiévaux).
Cependant, le Maharam de ROTENBOURG (l’un des grands décisionnaires médiévaux, maître du ROCH et du Mordé’hi entre autres) écrit dans une Responsa que le devoir de prélever la Ma’asser sur les bénéfices financiers, n’est pas réellement une obligation de la Torah, mais seulement à titre d’usage (Minhag).
C’est également ainsi que tranchent plusieurs de nos maîtres les A’haronim (décisionnaires des derniers siècles), et parmi eux le Baït ‘Hadach (Y.D chap.331),
le Téchouva Mé-Ahava (chap.87), et d’autres …
MARAN l’auteur du Beit Yossef et du Choul’han ‘Arou’h écrit dans l’une de ses Responsas (Chou’t Avkat Ro’hel chap.3) :
« Il ne fait aucun doute que le sujet du prélèvement du Ma’asser sur les gains financiers est une très grande chose, au point où nos maîtres disent (à partir du verset cité plus haut) : Prélève afin que tu t’enrichisses. Il est même permis de « mettre Hachem à l’épreuve » au moyen de cette Mitsva (c’est-à-dire : vérifier s’il y a réellement un bénéfice dans la Parnassa grâce à cette Mitsva, et il n’y a là aucun interdit). Il est convenable de s’efforcer d’offrir la moitié ou la majorité des gains perçus, à des gens qui étudient la Torah ou à des proches nécessiteux. Offrir le Ma’asser de ses gains financiers à des gens qui étudient la Torah, est le plus haut niveau, car elle (la Torah) est un arbre de vie pour ceux qui la soutiennent, par le biais de gens qui étudient la Torah dans la pauvreté. » Fin de citation du Avkat Ro’hel.
En revanche, selon l’opinion du RAMA (opinion Halachique principale pour les Achkénazim), le prélèvement du Ma’asser sur les gains financiers est une réelle obligation selon le Din.
Selon l’usage des Séfaradim, ce prélèvement n’est pas une réelle obligation, mais celui qui ne prélève pas le Ma’asser sur ses gains financiers, est considéré comme un « ‘Aïn Ra’a » (une personne au regard mesquin), et il abolit l’important usage du prélèvement du Ma’asser sur les gains financiers.
Par conséquent, il est réellement une très grande Mitsva de prélever et d’offrir le Ma’asser sur les gains financiers.
Tel est l’usage même chez les Séfaradim, et tel était également l’usage de notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l.
Le Gaon auteur du Chou’t ’Havot Yaïr écrit (chap.220) qu’il est juste de fixer la veille de Roch Ha-Chana, c’est-à-dire maintenant, en ces jours-ci, pour établir le compte pour le prélèvement du Ma’asser sur les gains financiers, car nos maîtres enseignent dans la Guémara Bétsa (16a) que c’est le jour de Roch Ha-Chana que la Parnassa de l’homme est décidée.
C’est pourquoi, il est très important de se défaire des obligations du Ma’asser sur les gains financiers avant Roch Ha-Chana.
Il existe de nombreuses règles et usages concernant le prélèvement du Ma’asser sur les gains financiers, et nous ne pouvons les expliquer en totalité dans le cadre de cette rubrique.
Les personnes désireuses de recevoir des réponses à leurs questions sur ce sujet, peuvent adresser leurs questions à l’application « Instarav » (disponible essentiellement en hébreu), où on leur répondra – avec l’aide d’Hachem – de manière correcte selon la Halacha.
Source: halachayomit
Abdellak Malkiel