La cessation d’activité lors des jours de Yom Tov
La raison pour laquelle la Torah ordonne la cessation de toute activité pendant Yom Tov, nous est expliquée par l’auteur du Sefer Ha-‘Hinou’h.
En effet, selon le Sefer Ha-‘Hinou’h, pour que les Béné Israël puissent commémorer les Miracles et les merveilles qu’Hachem a réalisé pour eux ainsi que pour leurs ancêtres, et pour qu’ils les transmettent à leur descendance après eux, il était nécessaire d’imposer une cessation de toute activité durant ces jours de fête.
Si le travail était autorisé durant les jours de Yom Tov, chacun se consacrerait à ses activités personnelles, et le respect ainsi que la joie de la fête auraient été oubliés du peuple d’Israël. Grâce à la cessation de toute activité, les Béné Israël sont disponibles pour se rassembler dans les synagogues et les maisons d’étude, et écouter des paroles de Torah. C’est en se réunissant autour de ses guides spirituels que le peuple pourra apprendre la Morale et la Sagesse, les règles et les allégories.
Comme le disent nos maîtres :
Moché instaura à Israël d’étudier les règles relatives à Pessa’h, pendant Pessah’ ; les règles relatives à Chavou’ot, pendant Chavou’ot ; les règles relatives à Soukkot, pendant Soukkot, comme il est dit :
וַיְדַבֵּר מֹשֶׁה, אֶת-מֹעֲדֵי ה’, אֶל-בְּנֵי, יִשְׂרָאֵל. (ויקרא כג-מד)
Moché parla des fêtes d’Hachem, aux Béné Israël. (Vaykra 23-44)
De même, nos maîtres enseignent :
Les Chabbatot et les jours de Yom Tov n’ont été donnés à Israël que seulement dans le but qu’ils s’y consacrent à l’étude de la Torah.
C’est pourquoi, nous avons reçu l’ordre de cesser toute activité, excepté les travaux nécessaires à la nourriture du jour (comme le fait de préparer pendant Yom Tov, un plat pour le repas de Yom Tov, dans la manière et les conditions que nous expliquerons).
Nos maîtres enseignent aussi :
Il n’y a pas de différence entre Yom et Chabbat, excepté les travaux liés à la nourriture.
« La moitié pour Hachem, la moitié pour vous»
Mais cependant, il faut partager les heures de la journée de la fête, en consacrant la moitié de la journée à la prière et à l’étude de la Torah, et l’autre moitié de la journée à la nourriture, la boisson et la réjouissance de la fête.
Nos maitres enseignent que celui qui cesse toute activité afin de se réjouir en mangeant et en buvant en l’honneur de la fête, est considéré par le texte comme s’il avait construit un autel et y avait offert des sacrifices, comme il est dit :
… אִסְרוּ-חַג בַּעֲבֹתִים–עַד קַרְנוֹת, הַמִּזְבֵּחַ. (תהלים קיח-כז)
Attachez la fête par des liens, jusqu’aux coins de l’autel » (ce qui signifie que le fait de « s’attacher à la fête » en se réjouissant en son honneur, représente la même importance qu’offrir des sacrifices sur l’autel).
Nos maitres enseignent encore dans la Guémara Bétsa (15a) que si l’on augmente les moyens de délecter la fête, on nous ajoutera de la subsistance matérielle (Parnassa) depuis le Ciel, comme l’enseignent nos maitres :
Toute la subsistance de l’homme est déterminée de Roch Ha-Chana jusqu’à Yom Kippour, excepté les dépenses des jours de Chabbat et de Yom Tov, ainsi que les dépenses liées à l’éducation religieuse des enfants, car dans ces domaines, moins l’homme investit d’argent, moins il en recevra, et plus il en investit, plus il en recevra.
A fortiori pour la fête de Chavou’ot qui est le jour de notre mariage, le jour où nous avons eu le mérite de recevoir la Sainte Torah, et il est convenable d’honorer ce jour avec toutes sortes de marque de respect et d’honneur, chacun selon ses possibilités. Le Rav Ya’akov SASSON Chlita (directeur de notre site Halacha Yomit et digne petit-fils de notre maître le Rav Ovadia YOSSF z.ts.l) a rapporté au nom de sa maman (la fille de notre maître le Rav z.ts.l) que même notre maître le Rav z.ts.l se souciait lui-même – au temps où il faisait ses courses lui-même – et il achetait personnellement une chose particulière en l’honneur de la fête, afin de la délecter et de l’honorer.
Nous avons avons expliqué que même si Yom Tov et Chabbat ont un statut identique vis-à-vis de l’interdiction de réaliser des travaux, et pour cette raison il est interdit de voyager en voiture pendant Yom Tov (car plusieurs interdits sont liés à cette activité, voir Chou’t Yé’havé Da’at vol.3 chap.36), malgré tout, la réalisation de certains travaux interdits qui servent à préparer la nourriture (O’hel Nefech) pendant Yom Tov, sont permis. Par exemple, l’interdit de cuire (Bichoul) ou de frire (Tigoun).
Nous allons à présent expliquer un détail supplémentaire concernant la cuisson pendant Yom Tov.
Un goût qui perd de sa fraîcheur
Il existe des aliments dont le goût ne perdure pas, et au bout d’un ou deux jour depuis leur préparation, le goût perd de sa fraicheur.
Il existe d’autres aliments dont le goût se conserve plus longtemps, même si un ou deux jours s’écoulent depuis leur préparation.
Par exemple : Une viande grillée sur le feu. Plus le temps s’écoulera, plus son goût perdra de sa saveur, et il est préférable la consommer immédiatement après sa grillade. On peut expliquer ainsi le fait que la Torah nous ordonne de consommer les offrandes appelées « Chélamim » dès leur sacrifice, car plus le temps passe, moins la viande préserve la qualité de son goût. De même pour des légumes frits, comme des frites par exemple, plus elles sont consommées le plus proche possible du moment de leur friture, plus leur goût préserve sa saveur, mais si on les consomme plus tard, leur goût perdra en qualité. Il est évident qu’un aliment de ce type, il est tout à fait permis de le cuisiner pendant Yom Tov, selon tous les avis, car si on le prépare depuis la veille de la fête, son goût n’aura pas la même qualité lors de sa consommation le lendemain pendant la fête.
Cependant, nos maîtres les Richonim (décisionnaires de l’époque médiévale) débattent au sujet d’aliments qui ne présentent aucune différence au niveau de leur goût qu’ils soient préparés le jour même ou la veille, comme une confiture de fruits ou une compote, est-il malgré tout permis de les cuisiner pendant Yom Tov, car selon certains Richonim, étant donné qu’il est possible de les réaliser depuis la veille de Yom Tov, nos maîtres ont interdit leur préparation le jour de Yom Tov afin que l’homme ne passe pas l’intégralité de sa fête à cuisiner et se prive ainsi de la réjouissance de la fête. Selon d’autres Richonim, nos maitres n’ont pas fait cette distinction entre les types d’aliments.
Les différents arguments sont cités longuement dans le Beit Yossef ainsi que dans les propos des décisionnaires aux règles relatives à Yom Tov (chap.495).
Sur le plan pratique
Sur le plan Halachique, notre grand maître, le Décisionnaire de la génération, le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l conclut (‘Hazon Ovadia-Yom Tov page 8) que selon le strict Din, il est permis de cuisiner pendant Yom Tov même un aliment dont le goût n’aurait pas subi de changement s’il avait été cuisiné depuis la veille, comme une confiture ou une compote.
Malgré tout, il est souhaitable de s’imposer la ‘Houmra (rigueur) et de préparer même ce type d’aliments depuis la veille de Yom Tov.
Le jour de Yom Tov lui-même, on préparera uniquement des aliments dont le goût est meilleur lorsqu’ils sont frais, comme des légumes frits ou autre, comme nous l’avons écrit.
L’usage des Ashkenazim est rigoureux sur ce point, et ils s’interdisent de préparer pendant Yom Tov tout aliment dont le goût n’aurait pas perdu de sa fraîcheur s’il avait été préparé la veille de la fête, comme une compote par exemple.
Quoi qu’il en soit, le Michna Béroura écrit que s’il on n’a pas eu le temps de préparer avant la fête de tels aliments dont le goût n’aurait pas perdu de sa fraîcheur s’il avait été préparé la veille de la fête, il est permis de les préparer pendant Yom Tov.
De même, il est également permis – dans tous les cas – de les préparer pendant Yom Tov de manière inhabituelle (par exemple, en posant la marmite sur le feu de façon inhabituelle).
En conclusion : Tout aliment dont le goût est meilleur lorsqu’il est consommé immédiatement après sa préparation, comme un légume frit par exemple, il est permis de cuisiner un tel aliment le jour de Yom Tov. Mais un aliment qui ne perd aucune saveur même lorsqu’il est cuisiné la veille avant la fête, Lé’haté’hila (à priori) il ne faut pas repousser sa préparation au jour de Yom Tov lui-même, il faudra le cuisiner depuis la veille de Yom Tov, comme nous l’avons expliqué.
Source: halachayomit
Abdellak Malkiel