L’accoudement
Le devoir de s’accouder
Il est expliqué dans la Guémara Péssa’him (108a et autres) qu’il y a certaines choses que l’on doit consommer exclusivement accoudés le soir de Péssa’h. Cela signifie que l’on doit se pencher vers la gauche.
Nos maitres enseignent dans le Midrach sur le verset:
« Hachem fit faire un détour au peuple par le désert vers la mer rouge … »
Hachem leur fit prendre part à un festin comme des princes. Nous apprenons de là une allusion à l’accoudement le soir de Péssa’h. (Le terme « Vayassev » employé dans le verset qui signifie détour, a la même racine que le mot « Léhassev » qui signifie s’accouder).
Le RAMBAM écrit (chap.7 règle 6):
« A chaque génération, chacun à le devoir de se montrer comme-ci lui-même était sorti de l’esclavage d’Egypte, comme il est dit : « Il nous a sorti de là bas … » C’est pour cela qu’Hachem a ordonné dans la Torah « Tu te souviendras que tu as été esclave en Egypte », comme-ci toi-même a été esclave et que tu es sorti vers la liberté. Par conséquent, lorsqu’on prend son repas ce soir là, il faut consommer en étant accoudé de manière libre. Chacun – les hommes comme les femmes – a le devoir de boire ce soir là les 4 coupes de vin. »
Le RAMBAM écrit encore (chap.7 règle 8):
« A quel moment devons-nous nous accouder? Lorsqu’on consomme la quantité de Kazaït (27 g) de Matsa, ainsi que lors des 4 coupes de vin. »
Cela signifie que l’on doit s’accouder lorsqu’on consomme la Matsa (pendant le Séder), ainsi que lorsqu’on consomme le « Kore’h » (qui est constitué lui aussi de Matsa), ainsi que lorsqu’on consomme le « Afikomann ». Hormis tout cela, il faut aussi s’accouder lorsqu’on consomme les 4 coupes de vin.
De quelle manière s’accoude-t-on?
L’accoudement doit se faire de sorte que l’on se penche – corps et tête – vers la gauche (en se penchant véritablement), et l’on doit manger et boire ainsi.
Cependant, le Gaon Rabbi Ben Tsion ABBA C HAOUL z.ts.l enseignait qu’il faut se pencher à 45 degrés vers la gauche. C’est ainsi qu’ont pris l’habitude de faire ses disciples. Mais l’usage répandu ne suit pas ses propos, et même notre maitre le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l n’agissait pas ainsi, il se contentait de se pencher légèrement vers la gauche.
L’accoudement doit être confortable
Dans les générations passées, les gens avaient l’usage de s’accouder sur des coussins, de sorte que l’accoudement était vraiment confortable pour la personne qui mangeait. De notre époque, nous ne sommes pas réellement habitués à nous accouder durant toute l’année, et de ce fait, dans de nombreux endroits – en particulier lorsque les conditions du lieu ne le permettent pas – de nombreuses personnes ont l’usage de s’accouder de sorte que chacun s’appuie sur la chaise de l’autre, ce qui n’est pas très confortable. Les décisionnaires débattent afin de définir si on s’est acquitté de son devoir lorsqu’on s’est accoudé de manière inconfortable.
Selon le Gaon Rabbi ‘Haïm Pin’hass Cheinberg z.ts.l et d’autres grands décisionnaires, on ne s’est pas acquitté de son devoir si on s’est accoudé de manière inconfortable, et l’on doit de nouveau consommer en s’accoudant correctement, car toute l’idée de l’accoudement est basée sur le fait que telle est la manière des princes de se comporter, et des princes ne souffrent pas.
Cependant, dans la pratique, notre maitre le Gaon et Richon Lé-Tsion Rabbi Its’hak YOSSEF Chlita tranche (Yalkout Yossef Péssa’h vol.3 page 114) que si l’on s’est accoudé de manière inconfortable on est malgré tout quitte de son devoir à postériori, car on a en définitif accomplit le devoir de cette nuit là, en consommant accoudé.
Mais Lé’hatéhila (à priori), il est souhaitable que chacun se soucie à l’avance de préparer des chaises avec des accoudoirs, afin de pouvoir s’y appuyer. Ainsi, on pourra se sentir à l’aise en s’accoudant.
Quoi qu’il en soit, lors du repas, on doit s’efforcer de s’accouder de la manière la plus confortable, et ressentir que l’on est des princes.
En conclusion: On doit s’accouder à chaque fois que l’on consomme de la Matsa dans le Séder, lors de « Mostsi-Matsa », lors de « Kore’h », et lors de « l’Afikoman ». Il faut aussi s’accouder lorsqu’on consomme les 4 coupes de vin
Source:halachayomit
R.Abdellak Malkiel