Le jeûne du 10 Tévet

Le jeûne du 10 Tévet

Vendredi 10 janvier 2025  est la date du jeûne du 10 Tévet, et nous allons donc développer quelques règles de ce sujet.

Au 10 du mois de Tévet, Névouh’adnétsar (Nabukodonozor), roi de Babylonie, assiégea la ville de Jérusalem, dans le but de la détruire, comme il est dit dans le livre de Yéh’ézkel (chap.24):
« La parole d’Hachem s’adressa à moi la 9ème année, au 10ème mois (Tévet), au 10ème jour du mois, en ces termes: Toi, fils de l’homme, prends note de cette date, c’est en ce jour-ci que le roi de Babylonie a assiégé Jérusalem. »

C’est pourquoi nous jeûnons le 10 Tévet, afin de soumettre nos cœurs pour faire un repentir sincère, pour supplier notre D. afin qu’il nous prenne en pitié, et qu’il revienne nous délivrer définitivement. Comme l’écrit notre maître le RAMBAM:
Tout le peuple d’Israël jeûne pendant les jours dans lesquels leur sont arrivés des malheurs, afin d’éveiller les cœurs, et d’ouvrir les chemins du repentir. En rappel à nos mauvaises actions, et aux mauvaises actions de nos ancêtres, qui sont comparables aux nôtres, au point de leur avoir causé, à eux comme à nous même, tous ces malheurs. Car c’est en rappelant toutes ces choses, que nous améliorerons notre comportement envers Hachem, comme il est dit: « Ils avoueront leurs fautes, ainsi que celles de leurs parents ».

Chacun est soumis à l’obligation de jeûner le 10 Tévet, et « celui qui brise la barrière sera mordu par le serpent » (c’est-à-dire, celui qui s’exclut de cette obligation imposée par nos maitres, s’expose à leur malédiction qui est aussi terrible que la morsure du serpent !).
Cependant, les enfants qui n’ont pas atteint l’âge des Mitsvot (13 ans pour un garçon, 12 ans pour une fille) sont totalement exempts de jeûner, et il n’est même pas nécessaire de les faire jeûner quelques heures. Même s’ils ont la capacité de comprendre le deuil de la destruction de Jérusalem, tant qu’ils n’ont pas atteint l’âge des Mitsvot, ils sont totalement exempts de ces jeûnes. Même s’ils désirent s’imposer le jeûne, il faut les en empêcher.

Les femmes enceintes, ainsi que les femmes qui allaitent, sont exemptes de jeûner le 10 Tévet. Elles ne sont pas autorisées à s’imposer le jeûne.
Définition de la femme enceinte: À partir de 3 mois de grossesse.
Cependant, si avant 3 mois de grossesse, elle souffre de douleurs ou de vomissements, elle est exempte de jeûner, en particulier, si elle a dépassé 40 jours de grossesse.
Définition de la femme qui allaite: Notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l écrit que même si une femme a cessé d’allaiter son enfant, tant qu’elle se trouve dans les 24 mois de son accouchement, et qu’elle ressent encore un état de grande faiblesse, elle est exempte de jeûner.
Par contre, si cette femme a arrêté d’allaiter son enfant, et qu’elle sent avoir la force de jeûner, il est convenable qu’elle s’impose la rigueur de jeûner.

Pour le 9 Av et Yom Kippour, les règles du jeûne sont plus rigoureuses, et seront expliquées en leur temps.
 
L’office de Min’ha le jour du jeûne du 10 Tévet

De nombreuses personnes demandent concernant cette année où le jeûne du 10 Tévet tombe demain vendredi, comment agir vis-à-vis de l’office de Min’ha de la veille de Chabbat ?

L’usage durant l’année
En général, les vendredis, nous avons l’usage de prier l’office de Min’ha à la synagogue environ 30 minutes avant le coucher du soleil (Chki’a), et ensuite nous disons Kabbalat Chabbat, puis nous prions l’office de ‘Arvit.

Lorsque le jeûne tombe un vendredi, certains préfèrent avancer l’horaire de l’office de Min’ha, puis ils rentrent chez eux, et reviennent à la synagogue vers le soir pour Kabbalat Chabbat et pour prier uniquement l’office de ‘Arvit.

Cependant, il faut savoir qu’il n’est pas juste d’agir ainsi, et nous allons en expliquer la raison :

La Birkat Cohanim (bénédiction des Cohanim) à Min’ha
Durant tous les jours de l’année, les Cohanim bénissent le peuple lors de l’office de Cha’harit (matin) pendant la répétition de la ‘Amida par le ‘Hazzan (officiant), mais ne le font pas lors de l’office de Min’ha, car la Birkat Cohanim est comparée au service dans le Temple, et les Cohanim n’étaient pas autorisés à servir dans le Temple s’ils avaient consommé du vin.
C’est pourquoi, nos maîtres ont interdit catégoriquement de dire la Birkat Cohanim lors de l’office de Min’ha, car la plupart des gens (à leur époque) consommaient du vin lors du repas de la mi-journée.

Ceci est la raison pour laquelle il n’y a pas de Birkat Cohanim lors de Min’ha de toute l’année.

Min’ha un jour de jeûne
Il est expliqué dans la Guémara Ta’anit (26b) que de notre époque (c’est-à-dire, dès l’époque du Talmud), les Cohanim ont l’usage de bénir le peuple par la Birkat Cohanim lors de l’office de Min’ha d’un jour de jeûne, car lors des jeûnes les Cohanim – comme le reste du peuple – ne consomment strictement rien, et il n’y a donc aucune crainte qu’ils aient consommé du vin.
Mais la Guémara explique que nos maîtres ont malgré tout décrété de ne pas dire la Birkat Cohanim à Min’ha d’un jour de jeûne (Yom Kippour), par crainte d’en arriver à le faire également un jour qui n’est pas un jour de jeûne.
Ce n’est que lors de l’office de Né’ila de Yom Kippour – qui est réalisé à un moment véritablement proche de la fin de la journée – que nos maîtres ont autorisé les Cohanim à bénir le peuple par la Birkat Cohanim, car cet office n’est pas comparable à l’office de Min’ha de tous les jours.            

Cependant, lors des autres jours de jeûne, les Cohanim disent la Birkat Cohanim lors de l’office de Min’ha, car l’office de Min’ha des jours de jeûne était prié en général (à leur époque) à un moment véritablement proche du coucher du soleil, et dans de telles conditions on ne peut pas comparer cet office de Min’ha à celui qu’ils priaient les autres jours de l’année (les autres jours de l’année, ils priaient Min’ha apparemment un peu plus tôt), comme la Guémara le précise dans ses propres termes : « puisque les Cohanim bénissent le peuple proche du coucher du soleil, cela ressemble à l’office de Né’ila. » Ce qui signifie que puisque le jour d’un jeûne on prie l’office de Min’ha à un moment proche du coucher du soleil, et c’est à ce moment que les Cohanim bénissent le peuple, cela ressemble plutôt à la Birkat Cohanim que nous faisons lors de l’office de Né’ila.

Nous apprenons donc que lorsqu’une assemblée prie l’office de Min’ha le jour d’un jeûne à une heure avancée, les Cohanim ne sont pas autorisés dans ce cas à dire la Birkat Cohanim.
De même, lorsque le jeûne tombe un vendredi, si l’on fixe l’horaire de l’office de Min’ha à une heure avancée, les Cohanim ne pourront pas dire la Birkat Cohanim.
Ce n’est que lorsqu’on fixe l’horaire de l’office de Min’ha à l’heure habituelle – proche du coucher du soleil – que les Cohanim pourront dans ce cas dire la Birkat Cohanim, et bénir le peuple avec amour.

La règle dans la pratique
Par conséquent, le plus juste est de fixer l’horaire de l’office de Min’ha du vendredi jour du jeûne, à un moment proche du coucher du soleil (pas plus de 40 minutes avant le coucher du soleil), afin que les Cohanim puissent bénir et que le peuple puisse se faire bénir.
C’est ainsi que tranche notre maître le Rav z.ts.l dans son livre ‘Hazon Ovadia-Arba’ Ta’aniyot (pas 93).

Cependant, malgré tout ce que nous avons écrit, lorsque le jeûne du 10 Tévet tombe un vendredi, l’usage répandu à Jérusalem est de prier Min’ha à une heure avancée, par respect vis-à-vis du Chabbat. Notre maître le Rav z.ts.l cite cet usage dans son livre (Ibid. page 103). Mais pour les autres jours de jeûnes, il est juste de prier Min’ha en fin d’après-midi, afin de pouvoir procéder à la Birkat Cohanim.
Mais ce n’est pas une condition invalidante.
Chaque communauté suivra son usage.

Qu’Hachem nous transforme tous ces jours en jours d’allégresse et de joie, et que nous voyons rapidement la délivrance d’Israël par la rédemption finale et totale, rapidement et de nos jours, Amen.
 
Source: halachayomit
R.Malkiel Abdellak