Chabbat ‘Hol a-Moed Péssa’h

Chabbat ‘Hol a-Moed Péssa’h

Il est enseigné dans la Guémara Méguila (31a) :
Rav Houna dit au nom de Rav : Lors du Chabbat ‘Hol Ha-Moed Péssa’h, nous lisons la Haftara qui traite des « Ossements asséchés » (Livre de Yé’hezkel chap.37). Lors du Chabbat ‘Hol Ha-moed Soukkot, nous lisons la Haftara qui traite de « La Guerre de Gog et Magog » (Ibid. chap.38). 

Notre maître Rachi explique :
Pourquoi lit-on lors du Chabbat ‘Hol Ha-Moed Péssa’h la Haftara qui contient la vision prophétique des « Ossements asséchés », que le prophète Yé’hezkel a fait revivre ?
Parce que ces ossements étaient ceux de Béné Israël sortis d’Egypte prématurément, avant la véritable Sortie d’Egypte.
Quel est le sens de tout ceci ? 

Les propos de rachi prennent leur source dans la Guémara Sanhédrin (92b), où le sujet des ossements asséchés ramenés à la vie au temps du prophète Yé’hezkel est mentionné.
Nos maîtres débattent afin de définir ce qu’il s’est passé avec précision : 

Rabbi Yéhouda Ben Bétéra se leva et dit : « Je suis un de leurs descendants (de ces morts ressuscités par le prophète Yé’hezkel), et voici les Téfilin dont j’ai hérité d’eux par mon grand-père ! ».
Cela signifie que Rabbi Yéhouda Ben Bétéra raconte qu’il descend de ces morts ramenés à la vie par le prophète Yé’hezkel, et il présente même les Téfilin dont il a hérité d’eux. 

Nos maîtres poursuivent et demandent :
Qui étaient précisément ces morts ressuscités par le prophète Yé’hezkel ?
Rav dit : Ce sont des membres de la tribu d’Efraïm qui ont compté les années de l’esclavage d’Egypte, mais qui se sont trompés dans leur calcul. Ils sont sortis prématurément d’Egypte et ont été tués par les gens du peuple de Gatt. Il est dit sur ces gens d’Efraïm : « Leur père Efraïm s’affligea sur eux longtemps » (Divré Ha-Yamim I 7-22). 

Il est donc approprié de lire lors de la fête de Péssa’h la prophétie de Yé’hezkel sur la résurrection de ces gens d’Efraïm, puisque Péssa’h représente le moment de la Sortie d’Egypte pour tout Israël. 

Dans le livre des Téhilim (78-9, 10), nous trouvons une allusion à cet événement :
בְּנֵי-אֶפְרַיִם, נוֹשְׁקֵי רוֹמֵי-קָשֶׁת; הָפְכוּ, בְּיוֹם קְרָב. לֹא שָׁמְרוּ, בְּרִית אֱלֹקים; וּבְתוֹרָתוֹ, מֵאֲנוּ לָלֶכֶת.
« Les fils d’Ephraïm, armés de l’arc, habiles tireurs, ont tourné le dos au jour du combat ! Ils ont répudié l’alliance d’Hachem et refusé de suivre sa loi. » 

Notre maître le TOUR (O.H 490) cite les propos de Rav Haï Gaon, qui explique la raison pour laquelle la lecture de la prophétie des Ossements asséchés se fait lors du Chabbat ‘Hol Ha-Moed Péssa’h :
Parce que la Résurrection des morts des temps messianiques doit avoir lieu à Péssa’h, et la guerre de Gog et Magog doit avoir lieu au mois de Tichri.
C’est pourquoi nous lisons lors du Chabbat ‘Hol Ha-Moed Soukkot la prophétie sur Gog et Magog, et lors du Chabbat ‘Hol Ha-Moed Péssa’h celle des Ossements asséchés. 

Nous pouvons ajouter qu’il y a là également une allusion pour nous :
Lors de la première fête de Péssa’h, nous commençons à dire « Morid Ha-Tal » (« qui fait descendre la rosée ») dans la prière quotidienne, comme Hachem l’a fait avec ces ossements asséchés sur lesquels il a fait descendre une rosée de résurrection.
Nous tous aussi, après avoir vécu la nuit du Séder de Péssa’h, « la nuit des protections », l’influence spirituelle – qui est comme une sorte de rosée – fait souffler en nous, dans nos « os asséchés », un souffle de résurrection, comme il est dit : « Je serai comme la rosée pour Israël» (Hochéya’ 14-6). De même que les gouttes de rosée descendent du haut vers le bas, et remontent (par vapeur) du bas vers le haut, ainsi lors de la fête de Péssa’h se produisent un réveil spirituel depuis le bas et un réveil spirituel depuis le haut, pour faire revivre nos âmes.
Mais pour cela, nous devons aussi nous stimuler spirituellement, afin d’être dignes de cette résurrection, qui précèdera la véritable Résurrection des morts. 

Réfléchissons : Lorsque Rabbi Yéhouda Ben Bétéra désire prouver l’existence des gens des « Ossements asséchés », il se lève et dit : « Je suis l’un de leurs descendants, et voici les Téfilin dont j’ai hérité d’eux ! ». 

Qu’y a-t-il de particulier dans ces Téfilin ??
Ces gens de la tribu d’Efraïm ont fauté et n’ont pas écouté la voix d’Hachem.
Mais lorsque Rabbi Yéhouda Ben Bétéra présente leurs Téfilin, c’est une preuve évidente que ces gens avaient au moins le mérite de la Mitsva de Téfilin, mérite grâce auquel leurs os furent de nouveau recouverts de peau et de nerfs, et grâce auquel ils revinrent à la vie.
En effet, nos maîtres enseignent que celui qui ne met pas les Téfilin, est appelé « Fauteur du peuple d’Israël dans son corps ».
Les gens d’Efraïm, qui ont accompli la Mitsva des Téfilin, ont accompli les Mitsvot d’Hachem dans leur corps, ils étaient donc dignes de revenir miraculeusement à la vie ! 

Chabbat Chalom et Mo’adim Lé-Sim’ha !

Source: halachayomit

Abdellak Malkiel