
En retard à la prière du matin
Question : Celui qui arrive en retard à la synagogue à la prière du matin, doit-il sauter les Zémirott (chapitres qui se trouvent entre Barou’h Chéamar et Yichtaba’h) et entamer directement depuis la bénédiction de « Yotser Or » afin de pouvoir prier la ‘Amida en même temps que l’assemblée, ou bien doit-il – quoi qu’il en soit – prier selon l’ordre de la prière ?
Réponse : La notion de « Téfila Bé-Tsibbour » (prier avec l’assemblée) consiste à prier la ‘Amida en même temps que l’assemblée, car celui qui prie la ‘Amida avec l’assemblée possède un très grand niveau. C’est pourquoi, lorsqu’on arrive en retard à la synagogue, on se doit d’agir du mieux possible afin de parvenir à la ‘Amida en même temps que l’assemblée.
MARAN tranche dans le Choul’han ‘Arou’h (chap.52 parag.1) :
Si l’on arrive à la synagogue et que l’assemblée se trouve à la fin des Péssouké Dé-Zimra (vers la fin de « Az Yachir Moché »), on doit commencer directement par « Barou’h Chéamar » et dire ensuite le psaume de « Téhila Le-David » (Achré) intégralement, puis le psaume de « Halélou Ete Hachem Min Ha-Chamaïm », puis le psaume de « Halélou E-l Békodcho », et ensuite conclure par la bénédiction de « Yichtaba’h ». On commencera ensuite la bénédiction de « Yotser Or » avec la lecture du Chéma’ et ses bénédictions, et l’on priera (la ‘Amida) en même temps que l’assemblée. Si l’on ne dispose pas d’assez de temps pour dire tout cela, on sautera également les psaumes « Halélou Ete Hachem Min Ha-Chamaïm » et « Halélou E-l békodcho ». Si l’assemblée a déjà entamé la bénédiction de « Yotser Or » (lorsqu’on arrive à la synagogue) et que l’on ne dispose pas d’assez de temps pour dire même quelques Zémirott (Achré), on commencera immédiatement la bénédiction de « Yotser Or » et la lecture du Chéma’ et ses bénédictions, et l’on priera (la ‘Amida) en même temps que l’assemblée. Après la prière, on dira tous les Péssouké Dé-Zimra que l’on a sautés, mais sans dire les bénédictions de « Barou’h Chéamar » et de « Yichtaba’h ».
Le Gaon auteur du Chou’t’Ha’ham Tsévi (Rabbi Tsvi ACHKENAZI, Av Beth Din de la vile d’Amsterdam il y a environ 300 ans) écrit qu’il est vrai que selon le Zohar Ha-Kadoch il faut prier selon l’ordre de la prière, établi par nos maîtres les sages du Talmud et les membres de la Grande Assemblée (Kénéssete Ha-Guédola), qui étaient tous inspirés de l’esprit Divin et qui ne faisaient que transmettre la parole Divine, et c’est également l’opinion de notre maître le ARI Zal qui explique que l’ordre de la prière contient des secrets extraordinaires. Cependant, tout ceci n’est que Lé’haté’hila (à priori), mais pour quelqu’un qui arrive en retard à la synagogue et que le fait de prier dans l’ordre lui ferait risquer de ne pas prier la ‘Amida en même temps que l’assemblée, pour une telle situation il est préférable – selon tous les avis – de sauter les Zémirott (en partie ou en totalité) afin de prier la ‘Amida en même temps que l’assemblée, car le fait de prier la ‘Amida en même temps que l’assemblée est d’une très grande importance, puisque hormis les sages du Talmud – qui ont fortement insisté sur l’importance de prier avec l’assemblée, comme le tranche le RAMBAM en disant que la prière faite avec l’assemblée est entendue devant Hachem – le Zohar Ha-Kadoch lui-même insiste également sur l’importance de prier avec l’assemblée en disant qu’une telle prière est parfumée devant Hachem.
Par conséquent, même selon le Zohar Ha-Kadoch il est préférable dans un tel cas de sauter les Zémirott afin de prier la ‘Amida en même temps que l’assemblée.
Nous allons à présent expliquer le cas d’une personne qui arrive en retard à la synagogue un Chabbat matin, et qui est confronté à un choix pour se tenir en même temps que la communauté lors de la prière de la ‘Amida :
Il a la possibilité de dire l’intégralité des « Péssouké Dé-Zimra » (les psaumes après Barou’h Ché-Amar », depuis « Mizmor Chir Lé-Yom Ha-Chabbat » jusqu’à « Az Yachir Moché » inclus), mais il ne pourra pas dire le passage de « Nichmat Kol ‘Haï » que nous avons l’usage de dire chaque Chabbat et Yom Tov.
La question est : Doit-il sauter certains psaumes des « Péssouké Dé-Zimra » et pouvoir ainsi dire aussi le « Nichmat Kol ‘Haï », ou bien est-il préférable dans ce cas de dire l’intégralité des « Péssouké Dé-Zimra » et de sauter le « Nichmat Kol ‘Haï » ?
L’opinion du ‘Hayé Adam
Selon le ‘Hayé Adam (règle 19), un jour de Chabbat, il est préférable de sauter des parties du « Péssouké Dé-Zimra » plutôt que de sauter le « Nichmat Kol ‘Haï », car le faite de dire le « Nichmat Kol ‘Haï » le Chabbat est une obligation, puisqu’il se nomme « Birkat Ha-Chir » (la bénédiction du chant). C’est pourquoi, si l’on n’a pas assez de temps, on dira « Barou’h Ché-Amar », « Achré », « Nichmat Kol ‘Haï » et « Ichtaba’h ».
Plusieurs décisionnaires tranchent selon cette opinion.
L’opinion du Chalmé Tsibbour
Mais selon le Chalmé Tsibbour, si l’on ne peut dire à la fois les « Péssouké Dé-Zimra » intégralement et à la fois le « Nichmat Kol ‘Haï », il est préférable de sauter le « Nichmat Kol ‘Haï » plutôt que de sauter des parties des Péssouké Dé-Zimra », car nous avons un grand principe selon lequel : Tadir Véchééno Tadir, Tadir Kodem » (Lorsqu’une Mitsva est plus fréquente qu’une autre, on donne la priorité à la plus fréquente). Les « Péssouké Dé-Zimra » sont plus réguliers puisqu’on les dit chaque matin de l’année, ils ont donc la priorité sur le « Nichmat Kol ‘Haï » que nous disons uniquement Chabbat et jours de Yom Tov.
Cette opinion est elle aussi partagée par de nombreux de nos maîtres les décisionnaires.
Les propos de notre maître le Rav z.ts.l
Notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l écrit que les propos du ‘Hayé Adam n’engagent à rien, car le fait de dire le « Nichmat Kol ‘Haï » ne représente pas une réelle obligation comme celle des « Péssouké Dé-Zimra », mais plutôt une tradition. Comme l’écrit le RAMBAM (dans son programme de la prière) en ces termes :
« Le jour de Chabbat, tout le peuple a l’usage d’ajouter avant « Ichtaba’h » le texte du « Nichmat Kol ‘Haï ». »
Il en ressort donc que le fait de dire le « Nichmat Kol ‘Haï » n’est pas réellement une obligation selon le Din, mais seulement à titre de tradition (comme le fait de dire aussi le « Az Yachir Moché » qui est également une tradition).
Particulièrement lorsqu’on sait que le texte du « Nichmat Kol ‘Haï » n’apparait pas dans le Talmud parmi les passages obligatoires à dire le Chabbat dans la prière.
Par conséquent, en cas de choix pour prier la ‘Amida en même temps que l’assemblée, il est certain qu’il est préférable de dire intégralement les « Péssouké Dé-Zimra » réguliers chaque jour, plutôt que de dire le « Nichmat Kol ‘Haï ».
En conclusion : Lorsqu’on arrive en retard à la synagogue le Chabbat matin, et que l’on constate que l’on ne pourra pas prier la ‘Amida en même temps que l’assemblée si l’on dit tous les textes préliminaires sauf si l’on saute certains passages des « Péssouké Dé-Zimra », il est préférable de sauter dans ce cas le « Nichmat Kol ‘Haï », plutôt que de sauter les « Péssouké Dé-Zimra » réguliers chaque jour.
Source: halachayomit