S’assoir sur de la nourriture

S’assoir sur de la nourriture

Jeter le pain (à table)

Question : Est-il vrai qu’il est interdit de s’assoir sur une caisse contenant de la boisson ou de la nourriture ?

Réponse : Il est expliqué dans le traité Béra’hot (50b) qu’il est interdit de se comporter de façon humiliante envers de la nourriture. C’est pourquoi, la Guémara cite comme exemple l’interdiction de prendre un morceau de gâteau pour nettoyer une boisson répandue au sol, car ce geste est humiliant envers le gâteau, en particulier du fait que le gâteau est à présent détérioré et n’est plus consommable.

La raison de l’interdit
La nourriture représente une partie importante de l’abondance dont nous gratifie Hachem. En se comportant de façon humiliante envers la nourriture, on exprime un rejet de la bonté que nous fournit Hachem. Il existe encore d’autres explications sur ce sujet.

Toutes les règles de cette interdiction sont explicitement abordées dans la Guémara Béra’hot, ainsi que dans le Choul’han ‘Arou’h (O.H chap.171).

S’assoir sur de la nourriture ou des boissons
A présent, concernant le sujet de la question est-il interdit de s’assoir sur une caisse contenant de la boisson ou autre, nous pouvons répondre à cette question à partir de l’enseignement cité dans le traité Soferim, et tranché dans le TOUR et par MARAN dans le Choul’han ‘Arou’h (ibid. parag.2) en ces termes:
« On ne doit pas s’assoir sur un panier plein de figues (fraiches), mais l’on peut s’assoir sur des figues asséchées, ou sur un panier plein de légumineuses (graines et arachides divers). »

Cela signifie qu’il est interdit de s’assoir sur de la nourriture, lorsque le fait de s’assoir va provoquer une détérioration de la nourriture. Par exemple, le fait de s’assoir sur un sac plein de figues fraiches, qui vont forcément s’écraser. La personne qui s’assiérait sur un tel sac, transgresserait l’interdit d’humilier la nourriture.

Mais il est permis de s’assoir sur une caisse pleine de figues, puisque la caisse est rigide et qu’aucune détérioration ne sera causée aux figues par le fait de s’assoir sur la caisse. De même, il est permis de s’assoir sur un sac plein de légumineuses sèches, pour la même raison.

A la lueur de tout cela, il semble qu’il soit permis de s’assoir sur une caisse pleine de boissons, puisqu’aucune détérioration ne sera causée aux boissons.
Mais il est catégoriquement interdit de s’assoir sur de la nourriture susceptible de se détériorer par cette assise, comme des pâtisseries ou des gâteaux, à titre d’humiliation de la nourriture.

Question : Lors des repas de Chabbat, au moment du « Motsi » et de la distribution du pain à chaque convive, certains ont l’usage que le chef de famille « jette » les morceaux de pain aux personnes assises loin de lui.
Est-il permis d’agir ainsi ?

Réponse :

L’interdiction de jeter des aliments
Il est expliqué dans une Baraïta du traité Bérah’ot (50b) qu’il est interdit de jeter du pain (même sur une table ou vers une autre personne).
Il est expliqué dans la Guémara que vis-à-vis de tous les autres aliments, l’interdiction va dépendre de la détérioration certaine de l’aliment par le fait qu’il soit jeté. Par exemple, lorsqu’on jette des figues fraiches qui se détérioreront de façon certaine, même si on les jette sur une table propre.
Mais s’il semble que l’aliment ne se détériorera pas en le jetant, comme les bonbons que de nombreuses personnes ont l’usage de jeter sur la tête du nouveau marié lorsqu’il monte à la Torah, il n’y a là aucun interdit, car ce geste ne constitue pas une humiliation pour l’aliment.

L’interdiction de jeter du pain
Nos maîtres les Richonim (décisionnaires médiévaux) débattent au sujet du pain. 

Selon les Tossafot, même si le fait de le jeter ne causera aucune détérioration au pain, par exemple lorsqu’on le jette à table d’un côté vers l’autre, il est malgré tout interdit d’agir ainsi, car le pain possède une importance particulière, et le fait de le jeter est considéré comme un geste humiliant. Telle est également l’opinion du ROCH, du TOUR et d’autres de nos maîtres les Richonim. (Le Gaon auteur du Tsla’h déduit cette différence des propos de la Baraïta citée précédemment).

Mais selon l’opinion du Rachba et de Rabbénou Yona (cité par le Beit Yossef au chap.171), il n’y a pas de différence entre le pain et les autres aliments. Tant que l’aliment ne subira aucune détérioration par le fait d’être jeté, il est permis de le jeter vers quelqu’un ou sur une table.

A partir de là, selon les Tossafot il serait catégoriquement interdit de jeter le morceau de pain d’une direction vers une autre à table, alors que selon le Rachba ce serait permis.

Sur le plan pratique
Du point de vue de la Halacha, les termes du Choul’han ‘Arou’h indiquent qu’il tranche sur ce point selon l’opinion des Tossafot, et il est donc interdit de jeter le pain, même sur la surface d’une table. Telle est la conclusion de nombreux de nos maîtres les A’haronim (décisionnaires ultérieurs au Choulh’an ‘Arouh’).
C’est également ainsi que tranche le Gaon Rav David YOSSEF Chlita dans son livre Halacha Béroura (vol.9 page 49). 

Même si certains décisionnaires justifient l’usage de jeter les morceaux de pain à table, malgré tout, il faut avoir la vigilance de ne jamais le faire.
En particulier, avec le pain du Chabbat, qui est un pain de Mitsva.
En effet, le Péri Mégadim écrit (chap.167 Echel Avraham note 38) que dans ce cas, même selon le Rachba il est interdit de jeter le pain à table, car ce geste représente une humiliation envers la Mitsva. Telle est également la compréhension d’autres décisionnaires.

En conclusion: Il ne faut pas jeter le pain à table. Il faut être particulièrement rigoureux sur ce point envers le pain du Chabbat.

Source: halachayomit 
R.Abdellak Malkiel