
Un malade en danger de mort pendant Chabbat
Lorsqu’une personne est en danger de mort, il est un devoir de transgresser le Chabbat afin de réaliser le nécessaire pour la sauver, comme la conduire en voiture à l’hôpital, ainsi que réaliser toutes les activités interdites pendant Chabbat, nécessaires à son sauvetage.
Il est une Mitsva de les transgresser pour sauver la vie d’une personne pendant Chabbat.
Il est permis – à fortiori – de téléphoner pour commander une ambulance ou un médecin afin de sauver une vie.
Le Chabbat est complètement repoussé devant le sauvetage d’une vie, car le Chabbat fait partie de toutes les Mitsvot de la Thora sur lesquelles il est dit :
וּשְׁמַרְתֶּם אֶת-חֻקֹּתַי וְאֶת-מִשְׁפָּטַי, אֲשֶׁר יַעֲשֶׂה אֹתָם הָאָדָם וָחַי בָּהֶם … (ויקרא יח-ה)
« Vous observerez toutes mes lois, que l’homme accomplira et avec lesquelles il vivra » (Vaykra 18-5) et non « avec lesquelles il mourra ».
Excepté les 3 interdits gravissimes de la Torah pour lesquels l’homme a le devoir de sacrifier sa vie et de ne pas les transgresser, qui sont : la débauche, l’idolâtrie et le meurtre.
Il s’agit donc d’une règle fondamentale établie : Vis-à-vis d’un malade en danger de mort, le Chabbat devient un jour de semaine ordinaire pour toute chose nécessaire à son sauvetage. Il est interdit de s’attarder ou de se montrer paresseux vis-à-vis de la transgression du Chabbat, nécessaire à sauver un malade en danger de mort, car les lois de la Torah ne sont que miséricorde, bonté et paix dans le monde.
Les Karaïtes – renégats envers la Torah orale – qui prétendent que transgresser le Chabbat pour sauver une vie est interdit, se voient attribuer le verset :
וְגַם-אֲנִי נָתַתִּי לָהֶם, חֻקִּים לֹא טוֹבִים; וּמִשְׁפָּטִים–לֹא יִחְיוּ, בָּהֶם. (יחזקאל כ-כה)
Moi aussi je leur ai donné des lois désagréables et des règlements par lesquels ils ne vivront pas. (Yé’hezkel 20-25)
Celui qui s’empresse de transgresser Chabbat pour sauver une vie, mérite des éloges.
« Celui qui questionne est un meurtrier »
Il est enseigné dans le Talmud Yérouchalmi :
Celui qui s’empresse de transgresser Chabbat pour sauver une vie, est digne de louange. Celui qui questionne est un meurtrier.
Cela signifie que devant une telle situation de danger de mort pour une personne, celui qui va poser la question à un ‘Ha’ham pour demander s’il est permis de transgresser Chabbat dans un tel cas de danger de mort, est considéré comme un meurtrier, car pendant qu’il pose la question au Rav, l’état du malade s’aggrave et il risque de mourir.
Le mesure de piété (Middat ‘Hassidout)
Le RAMBAN écrit dans son livre Mil’hamot Hachem :
« Il n’existe aucune mesure de piété pour un malade en danger de mort à se montrer rigoureux afin d’empêcher qu’on transgresse le Chabbat pour le sauver.
Au contraire, celui qui empêche qu’on le sauve, se montre lui-même coupable vis-à-vis d’Hachem, car il est dit (au sujet de celui qui se suicide) :
וְאַךְ אֶת-דִּמְכֶם לְנַפְשֹׁתֵיכֶם אֶדְרֹשׁ … (בראשית ט-ה)
Toutefois, votre sang, qui fait votre vie, j’en demanderai compte … (Bérechit 9-5)
Ce qui signifie que je vous demanderai des comptes même si vous avez-vous-mêmes versé votre propre sang. »
« Sauver une vie » (Pikoua’h Néfech)
La notion de sauver une vie dont parle la Torah se définit par toute action susceptible de sauver la vie d’un juif.
La source de l’expression « Pikoua’h Néfech » se trouve dans une Michna du traité Yoma (84a) au sujet de celui sur qui des pierres se s’ont effondrées pendant Chabbat, la MIchna dit « Méfaké’hin » (on dégage de lui le monticule de pierres pendant Chabbat). De là vient le terme « Pikoua’h », c’est-à-dire l’action de dégager les pierres de la personne qui se trouve en-dessous pendant Chabbat.
Pour les autres situations de sauvetage, il s’agit d’un terme emprunté pour désigner toute action réalisée pour sauver une vie.
Douleurs dans les yeux pendant Chabbat
Nos maîtres enseignent dans la Guémara Avoda Zara (28b) :
La nerfs optiques sont reliés au artères du cœur.
Cela signifie que selon les connaissances de nos maîtres du Talmud, les yeux humains sont reliés au cœur, et par conséquent, si l’on constate que l’œil d’une personne est en danger, cela est comparable à une maladie cardiaque, et il faut se hâter de transgresser le Chabbat pour sauver sa vie.
Selon cela, si quelqu’un ressent de sérieuses douleurs aux yeux pendant Chabbat, et que diverses pertes s’écoulent de ses yeux, comme du pus ou autre, ou bien s’il a une sérieuse inflammation à l’œil, cette personne entre dans la catégorie des malades en danger au sujet desquels il a été expliqué dans nos propos lors des précédentes Halachot qu’il faut transgresser le Chabbat en lui appliquant des crèmes et autres pommades, ou bien en lui faisant chauffer de l’eau, ou encore en l’emmenant en voiture chez le médecin afin qu’il lui prescrive un médicament, ou toute autre action nécessaire pour le sauver.
Cependant, selon les dires des médecins de notre temps, il n’y a aucun lien entre les yeux et le cœur, et même s’il s’agit d’une maladie sérieuse de l’œil, elle n’aura aucune conséquence sur le cœur, et il n’y a pas à craindre que le malade meurt de cette maladie, qui ne lui provoquera au maximum qu’une cécité.
Il est rapporté dans les propos de nos maîtres les décisionnaires médiévaux qu’une servante (la servante de Mor Chémouel, un sage du Talmud) avait l’œil malade pendant Chabbat, et elle se plaignait de ses douleurs mais personne ne se dérangea pour s’occuper d’elle pendant Chabbat. Le lendemain, cette servante mourut, et on pratiqua une autopsie afin d’élucider les circonstances de sa mort. On constata que les canaux oculaires étaient liés au cœur, et qu’elle était décédée des suites d’une maladie oculaire.
Mais les médecins de notre temps réfutent catégoriquement ces opinions comme nous l’avons dit, et nous sommes forcés de dire que les natures ont changées sur ces sujets, comme nous l’avons constaté sur de nombreuses choses, car sans le moindre doute, dans les générations précédentes, la réalité était différente de celle de notre temps, et ceci en raison du fait que les natures ont changées sur ces choses-là.
En effet, il est de notoriété que durant plusieurs dizaines d’années, divers changements significatifs concernant les natures humaines peuvent se produire, et selon cela, il n’y aurait pas lieu de transgresser le Chabbat pour une maladie oculaire.
Notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l s’est longuement étendu sur ce sujet, en citant l’opinion de ceux qui considèrent qu’il ne faut pas se fier aux propos des médecins pour contredire les enseignements que nous ont transmis nos maîtres, qui savaient parfaitement que les yeux et le cœur sont liés, et qu’une maladie oculaire peut entraîner la mort.
Les grands décisionnaires ont particulièrement traité de cette question au sujet de la circoncision d’un bébé souffrant d’une inflammation oculaire, car selon les propos de nos maîtres on ne doit pas pratiquer la circoncision sur cet enfant tant qu’il n’a pas guéri, alors que selon les propos des médecins il n’y a rien à craindre dans un tel cas.
Or, nous tranchons sur ce point conformément aux propos de nos maîtres et nous ne pratiquons pas la circoncision dans un tel cas, jusqu’à la guérison de l’enfant.
C’est d’ailleurs ainsi que tranche le Gaon Rabbi Avraham Its’hak Ha-COHEN KOOK z.ts.l dans son livre Da’att Cohen où il précise qu’il faut dans ce cas attendre la guérison de l’enfant et 7 jours supplémentaires depuis sa guérison.
Même si le Gaon Rabbi Yossef Chalom ELYACHIV z.ts.l répondit à cela que de notre époque, il ne faut pas transgresser le Chabbat pour une maladie oculaire selon les propos des médecins de notre temps qui prétendent qu’il n’y a pas de danger en cela, malgré tout, certains médecins affirment que pour toute inflammation comme celle-ci il y a un danger même de notre temps. Et en additionnant à cela les propos de nos maîtres, il semble que nous devons – même de notre temps – transgresser le Chabbat pour des maladies oculaires.
Notre maitre le Rav z.ts.l s’étend davantage sur la question.
Du point de vue de la Halacha, nous devons citer à ce sujet les propos du Gaon Rabbi Chélomo Zalman OYERBACH z.ts.l selon lesquels « Lorsqu’il y a une inflammation oculaire forte et sévère, ou bien de fortes douleurs aux yeux, ou bien une plaie oculaire, ou bien une sérieuse dégradation de la vision, il faut transgresser le Chabbat. ».
Tout ceci, même lorsque les symptômes n’apparaissent qu’à un seul œil.
De même, si une personne s’est blessée, et qu’elle s’est déchiré la rétine, il faut lui indiquer de se rendre immédiatement à l’hôpital afin de sauver son œil de la cécité.
De même, il est permis d’appliquer de la crème ou de la pommade à l’intérieur de l’œil pendant Chabbat, ou bien d’appliquer sur l’œil une serviette imbibée d’eau chaude ou d’autres produits, en veillant toutefois à ne pas essorer la serviette au moment de l’application.
Il est permis d’utiliser des gouttes oculaires pendant Chabbat lorsqu’on a un doute s’il y a une inflammation ou non, étant donné que le traitement par gouttes oculaires ne fait pas partie des transgressions de Chabbat du point de vue de la Torah, et par conséquent, il faut permettre aisément dans ce cas précis.
En conclusion : Une personne qui souffre d’une inflammation oculaire aigüe pendant Chabbat, ou bien d’une dégradation sévère de la vision, ou encore de fortes douleurs aux yeux, ou bien de douleurs qui ressemblent à des coups de couteau dans l’œil, ou autres exemples similaires, même si ces symptômes n’apparaissent qu’à un seul œil, il faut transgresser le Chabbat pour la sauver en l’emmenant en voiture à l’hôpital, ou en réalisant tout ce qui est nécessaire à sa guérison. Il est permis de mettre des gouttes oculaires pendant Chabbat pour combattre l’inflammation, même en cas de doute d’inflammation oculaire.
Source: halachayomit
Abdellak Malkiel